LA TRADITION

Le yoga que nous enseignons est du Hatha-Yoga dans sa forme traditionnelle.

Cette tradition remonte au culte de Shiva dont on retrouve les plus anciennes traces dans la vallée de l’Indus et dont l’origine animiste se perd dans la nuit des temps, il s’agit du Shivaïsme.

On attribue au personnage semi-légendaire de Gorakhanatha un rôle prépondérant dans la transmission de ce savoir ancien. Gorakhanatha lui-même disciple de Matsyendranatha (environ VII -ème siècle de notre ère) est considéré comme l’un des principaux fondateurs du mouvement spirituel des Natha yogins. Il aurait contribué très largement à la propagation, à travers tout le continent indien, des principes et méthodes de cette forme de yoga nommée Hatha Yoga.

Le terme Natha signifie maître, seigneur, protecteur, c’est un titre donné aux yogis qui ont atteint un état de réalisation suprême et sont passés maîtres dans la pratique de cette discipline.

Le hatha-yoga s’appuie sur le corps en le considérant dans sa triple dimension, causal, subtil et grossière. Il implique l’individu dans une pratique afin d’avoir une connaissance non seulement théorique, mais expérimentale, directe, de son corps subtil ou énergétique (Chakra, nadi, vayu). L’accès au corps énergétique offre la possibilité de faire circuler et de rééquilibrer toutes nos énergies, d’avoir la connaissance des principes universels qui nous animent. En considérant le corps comme un temple, il permet de développer la part la plus lumineuse et vibrante de nous-même, en d’autres termes, de réaliser notre part divine.

LE HATHA YOGA

Hatha peut avoir deux significations :

Le yoga de l’effort violent

Car il invite l’individu à prendre en main son corps, son souffle, ses énergies et ses pensées, cela nécessite un effort régulier qui s’inscrit dans le cadre d’une discipline quotidienne. Dans ce sens il faut « se faire un peu violence » afin de sortir de l’inertie, de l’éparpillement, et de l’instabilité énergétique et émotionnelle, état qui caractérise la plupart d’entre nous, pour tendre vers l’état de paix auquel nous aspirons.

Ha : la lune et Tha: le soleil

Hatha signifie aussi l’union de la lune et de soleil, qui symbolise l’union des opposés, de tout ce qui nous maintient dans la dualité et nous éloigne de l’état d’unité, source d’équilibre de joie et de lumière. Cette union se fait concrètement par les techniques du Hatha yoga, en équilibrant les énergies de droite et de gauche qui circulent dans deux des trois principales artères énergétiques (nadi) que sont, Ida (la lune) qui correspond au souffle dans la narine gauche et Pingala (le Soleil) qui correspond au souffle dans la narine droite. Une fois l’équilibre établi, l’axe central s’ouvre (Sushumna) et nous trouvons alors cette sensation de centrage, d’équilibre et de stabilité recherchée.

Les techniques du Hatha Yoga

Méthode

Nous disposons pour cela d’outils précieux et efficaces que sont les postures (asana) la respiration (pranayama), les contractions ou gestes (mudra), les concentrations (dharana).

Dans cette méthode, chaque posture doit être accompagnée d’une respiration rythmée, d’une visualisation de cette respiration sous forme d’un mouvement d’énergie qui circule dans les Nadi ou les chakra (centre d’énergie), mais aussi de gestes (mudra) précis qui permettent d’avoir un travail profond sur la stabilisation et l’orientation de l’énergie.

La respiration

La respiration, sur un plan physiologique se fait par les narines, et s’exécute sur trois niveaux en gardant une fluidité au passage de chaque niveau. Les deux tiers de l’inspiration se font par le ventre, et le dernier tiers par le thorax et les clavicules. Les deux tiers de l’expiration se font par les clavicules et le thorax, et le dernier tiers par le ventre. Veillez à bien mobiliser le ventre en le gonflant à l’inspiration et en le creusant à l’expiration.

Afin de mieux contrôler le débit de l’air, utilisez la technique de ujjain qui consiste à contracter un peu la gorge, de façon à faire frotter l’air à l’inspire et à l’expire en émettant un léger son.

LES VISUALISATIONS DE BASE

Ida et Pingala

La conduction du souffle peut principalement être visualisée dans les canaux subtils de droite et de gauche, que l’on schématise par deux arcs de cercle qui relient un point situé à la racine de la colonne vertébrale (muladhara chakra), à un autre point situé dans le front (ajna chackra). Le méridien de gauche correspond à la lune et est associé aux qualités froides, passives, féminines, on le visualise de couleur bleu argenté, celui de droite qui correspond au soleil est associé aux qualités chaudes, actives, masculines et on le visualise jaune oranger, voir rouge.
Ces ” canaux ” peuvent également être visualisés de façon à s’entrecroiser au niveau des cakra, à l’image du caducée d’Hermès.

Sushumna

La visualisation du souffe la plus courante se fait dans l’axe central et relie également la racine de la colonne au front en passant dans la colonne vertébrale. Ce méridien s’appelle Sushumna et on le visualise blanc ou lumineux. Cette voie médiane est identifiée au feu.

Le souffle suit alors un mouvement ascendant à l’inspiration et descendant à l’expiration, le long des canaux latéraux ou de l’axe central.

Chakras

L’autre visualisation possible se fait dans les centres d’énergie les cakra (roue, disque, cercle) sous forme d’expansion à l’inspiration et de rétraction à l’expiration. La tradition distingue six centres d’énergie principaux qui se situent le long de l’axe vertébral.

Mûlâdhâra “support de la base “

Le premier au niveau du périnée. Image du carré jaune, symbole de la terre. En correspondance avec la force cohésive de la matière, la dureté, la stabilité, l’inertie ; avec l’odorat et le nez, la locomotion et les pieds ; l’instinct animal et le sommeil ; le système osseux ; le vayu (souffle) apana, l’énergie descendante, qui fait sortir du corps.
Bija (semence sonore) LAM

Svâdisthâna ” le fondement de soi-même”

Le deuxième au niveau du pubis, la région sacrée. Image du croissant de lune, symbole de l’eau. En relation avec la force constrictive de la matière, la fluidité ; avec le goût et la langue, la préhension et les mains ; la soif ; le système adipeux ; la fonction sexuelle.
Bija VAM

Manipûra ” la citadelle du joyaux “

Le troisième au niveau du ventre, à la hauteur du nombril. Image du triangle rouge, symbole de l’élément feu. Relié à la force expansive et calorique de la matière ; au sens de la vue, des couleurs et des formes, les yeux ; à l’excrétion et à l’anus ; à la faim ; à la chair ; au souffle samana, la fonction digestive.
Bija RAM

Anâhata “le non frappé ” (fait référence au son primordial)

Le quatrième au niveau du cœur, au milieu de la poitrine. Image de deux triangles entrelacés tête-bêche, symbole de l’élément air, à l’état gazeux. Associé à la force motrice de l’univers ; au sens du toucher et à la peau ; à l’organe sexuel et à la jouissance ; au système sanguin. Siège du souffle prana (ingestion, respiration) et du jivatman (l’âme incarnée).
Bija YAM

Vishuddha ” le purifié”

Le cinquième au niveau de la gorge. Image d’un cercle blanc, pleine lune, symbole de l’éther. Correspond à la force de dilatation, de spatialisation ; à l’ouïe et aux oreilles ; à l’expression vocale, régie par le souffle udâna, à la bouche et au système cutané.
Bija HAM

Âjnâ ” le commandement”

Le sixième au niveau du front, lotus à deux pétales, troisième œil de Shiva. Siège des facultés psychiques, où sont reçues les informations sensorielles et d’où sont transmis les ordres aux organes moteurs.
Bija OM

Il est possible de visualiser schématiquement les centres d’énergie sous forme de sphères d’énergie ou de roues avec un point central et des rayons

LES RYTHMES RESPIRATOIRES

Samvritti pranayama : le rythme égal

1-1

Un temps d’inspiration – un temps d’expiration
Par exemple cinq secondes d’inspiration et cinq secondes d’expiration. Avec une légère pause à poumons vides et à poumons pleins.

1-1-1-1 (le souffle carré)

Un temps d’inspiration – un temps de rétention poumons pleins – un temps d’expiration – un temps de rétention poumons vides
Par exemple : cinq secondes d’inspire – cinq secondes de tenue poumons pleins – cinq secondes d’expire – cinq secondes de tenue poumons vides.

Visamavritti pranayama : le rythme non égal

1-2

Un temps d’inspiration – deux temps d’expiration

Par exemple : cinq secondes d’inspire – 10 secondes d’expire

1-4-2

Un temps d’inspire – quatre temps de tenue à poumons pleins – deux temps d’expire

Par exemple : quatre secondes d’inspire – 16 secondes de rétention poumons pleins – huit secondes d’expire

1-2-4

Un temps d’inspiration – deux temps d’expiration – quatre temps de tenue poumons vides

Par exemple : quatre secondes d’inspiration – huit secondes d’expiration – 16 secondes de tenue poumons vides

Pour ces deux derniers rythmes il est possible d’aménager le temps de rétention en diminuant de moitié ce temps.

Il est important au début de compter mentalement les temps respiratoires, sans précipitation voir avec un espace qui dépasse légèrement la seconde. En plus du compte on peut également entendre mentalement le mantra so à l’inspire et ham à l’expire.

Rythme rapide : Bhastrika

Cette respiration consiste à inspirer en gonflant le ventre et à expirer en creusant le ventre de façon rapide et en faisant frotter l’air dans la gorge(ujjain). On fait généralement suivre ce souffle d’une rétention poumons vides ou rétention poumons pleins.

LES GESTES ET CONTRACTIONS (MUDRA)

La contraction de la base

mulha bandha

Ce geste consiste à contracter le sphincter de l’anus de façon à éviter les” fuites ” d’énergie vers le bas du corps et leur permettre de prendre appui pour remonter.

Les gestes de la langue

Kechari mudra

Qui consiste à retourner la pointe de la langue vers le palais

Jiva bandha

Qui consiste à plaquer la langue contre le palais pointe vers la base des incisives du haut.

Ces deux gestes servent à stabiliser les processus mentaux et permettent à l’énergie d’aller vers le haut.

Les gestes des yeux

Nasagra drishti

Qui consiste à converger le regard vers le bout du nez les yeux ouverts ou fermés. Ce geste a une influence particulière sur les centres d’énergie du bas.

Bhrumadia drishti

Qui consiste à converger le regard entre les sourcils les yeux ouverts ou fermés. Ce geste a une influence particulière sur le centre d’énergie du cœur. Mais s’adapte également à tous les centres d’énergie ainsi qu’au travail sur les canaux subtils.

Shambavi mudra

Qui consiste à converger le regard vers le front. Ce geste a une influence particulière sur les centres d’énergie du haut.

Le geste du ventre

Uddiyana bhanda

Durant tout le temps de rétention du souffle poumon plein et poumon vide, il est conseillé d’aspirer le ventre vers l’intérieur.
Ce geste contribue à intérioriser l’énergie et lui donne un sens ascendant.

Le geste de la gorge

Jalandhara bhanda

Pendant les rétentions de souffles, il est conseillé de contracter la gorge en portant le menton vers le sternum de façon à maintenir l’air emprisonné, permettant ainsi de potentialiser les effets de la respiration.

Les gestes des mains

Jnana mudra et Cin mudra

En assise pendant les techniques de concentration, de respiration ou d’observation joindre les pouces et les index sur les genoux vers le haut (jnana mudra) vers le bas (cin mudra).

Geste lié

Il est possible d’emboîter les deux mains l’une dans l’autre en les tournant vers le haut (geste lié des mains) pour l’observation silencieuse ou la méditation.

CONCLUSION

Cette liste qui n’est pas exhaustive vous permettra toutefois d’aborder les techniques décrites dans ce site avec plus de précision et d’efficacité.

Entre chaque technique il est important de prendre un temps d’observation dans le silence, les yeux fermés, en assises ou allongé, dans le relâchement le plus complet du corps, du souffle, et des pensées.

Bonne pratique du yoga et belle lumière intérieure !

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